Par Sylvaine Luckx le 03/04/2012

(Réponses de Yann Wehrling, porte-parole)
Etes-vous pour la protection du patrimoine informationnel des entreprises ?
Les menaces sur le patrimoine d’informations des entreprises sont à prendre très au sérieux. Il ne
s’agit évidemment pas seulement de brevets et procédés de fabrication, mais aussi de toutes les
informations dont l’entreprise est détentrice. Leur détournement peut avoir des conséquences
commerciales et financières considérables, et ce n’est pas du roman ! C’est notre capacité industrielle
qui est en cause. Même si l’identification précise de ce patrimoine pose des questions complexes à
l’heure de l’échange généralisé des informations, il faut y être très attentif. Et l’on ne saurait trop
encourager les entreprises à se prémunir contre les intrusions informatiques et contre le vol de
données. Il y a pour les y aider des experts privés, mais aussi des services de l’Etat spécialisés qui
doivent y apporter leur contribution et ce n’est pas la moindre de leurs missions.
Quel rôle donnez-vous à la CNIL dans notre démocratie ? Faut-il renforcer son rôle ou au
contraire le réduire ?
La création de la CNIL a été un grand progrès. C’est avant tout une instance de régulation :
ses interventions ne peuvent pas se substituer à toutes les procédures techniques et judiciaires de
protection des données personnelles et de la vie privée. Son positionnement n’est évidemment pas
facile, car les techniques et les pratiques évoluent à toute vitesse. Cela justifie que nous réfléchissions
périodiquement à ses missions et à ses moyens.
Quelle est votre position sur la vidéosurveillance ?
Nous préfèrerions tous vivre dans une société exempte de vidéosurveillance. Mais, pas d’angélisme :
mieux vaut détecter, prévenir, et intervenir à temps plutôt que de n’avoir rien vu ! Pour autant, les
menaces sur la voie publique ne disparaîtront pas grâce à des cameras. Il n’y a que les policiers et
les gendarmes pour assurer la protection physique des personnes et des biens. La vidéosurveillance
n’est acceptable que si elle complète et rend plus efficace un dispositif humain.
« La licence globale aurait pu fournir une solution, mais elle n'est pas opérationnelle à ce stade »
Un nouveau mouvement social est-il en train de naître avec les « Occupy Wall Street » et les
hacktivistes de l’Internet ?
Ce sont deux choses différentes : les protestataires de « Occupy Wall Street » dénoncent les abus du
capitalisme financier et les inégalités sociales ; les « hacktivistes » veulent la liberté d’information et
d’expression sur Internet. Leur dénominateur commun, c’est qu’ils disposent des réseaux sociaux pour
se donner une capacité de mobilisation forte et rapide. C’est cela qui est, incontestablement, une
donnée nouvelle dans la vie publique.
Doit-on laisser tout faire sur Internet ou rester libre ?
La règle, c’est la liberté : Internet est un espace de liberté et de découverte. Qu’un certain niveau de
contrôle s’impose, c’est une évidence : tout instrument de communication peut être utilisé à des fins
proscrites par les lois. La question des droits d’auteur est difficile. François Bayrou a voté contre
HADOPI dont la première formule était inacceptable. La licence globale aurait
pu fournir une solution, mais elle n'est pas opérationnelle à ce stade. Les risques de détournement sont
trop importants. Il reste la possibilité du téléchargement légal à faible prix, de l’ordre de 20 centimes
pour un morceau de musique, ce qui n’est pas anormal puisque le numérique réduit aussi
considérablement les coûts de production. C’est la meilleure façon de dissuader le téléchargement
illégal, et de multiplier la diffusion pour mieux rémunérer à création.
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