Par Sylvaine Luckx le 29/11/2018

Steve Grobman est CTO (Chief Technologist Officer) de McAfee. Dans les interviews réglées à la seconde près accordées, l’occasion nous est donnée de poser la question des apports réels de l’IA dans la cybersécurité. A bonnes questions… bonnes réponses.

Contrairement à ce à quoi nous nous attendions (encenser l’IA et ses apports tous terrains à la cybersécurité), Steve Grobman, Texan, se montre très nuancé, avec une forte préoccupation éthique dès le départ. C’est suffisamment rare comme approche chez un acteur majeur du marché pour qu’on le souligne ici. « L’IA a aussi ses limites, ce n’est pas une baguette magique », tient à faire remarquer Steve Grobman. « Certains algorithmes ne sont pas résilients » (comprenons par là : ne seraient pas capable de rattraper eux-mêmes leurs erreurs de diagnostics). « Bien sûr, l’IA peut définir des modèles, et la puissance des capacités informatiques actuelles permet de compiler des millions, voire des milliards d’informations bien plus vite que le cerveau humain, et de déduire, ou de proposer immédiatement des scénarii applicables ».
Un problème de sémantique autour de l’IA
Sauf que… « Il y a un problème d’explication et de sémantique autour du concept IA », précise Steve Grobman. Qui semble très conscient de ses limites et des enjeux éthiques qu’une utilisation poussée de l’IA peut entrainer, y compris en cybersécurité. « Certains domaines, comme le fait de savoir si un salarié joue ou non sur son temps de travail, peuvent être traités par l’IA : on peut voir, et déduire, des comportements et des temps de connexion anormaux sur des sites de jeu et les bloquer. Mais, pour ce qui est des questions plus complexes ou éthiques, comme de savoir, sur un champ de bataille, distinguer un soldat d’un citoyen (la question se pose notamment pour les soldats-robots auxquels songeraient la Russie NDLR), mieux vaut se référer à une capacité de décision et à un contrôle humain ».
Il est difficile de dire, si, dans le cas cité, c’est rassurant. Mais l’être humain a quelques millions d’années d’apprentissage et de scenarii d’adaptation d’avance sur l’IA… Et, surtout, c’est un être vivant. Une IA, et heureusement, se déconnecte.