Par Sylvaine Luckx le 21/06/2019

En petit comité, l’opérateur BT a inauguré le mardi 18 juin dernier son SOC en région parisienne, au Plessis-Robinson. L’occasion de faire le point sur la stratégie cyber de l’opérateur anglais en Europe, sujet sensible, Brexit oblige…

Hila Meller, Vice-Présidente Security Europe BT, d’origine d’Europe Centrale, et de double nationalité israélo / italienne (elle est mariée à un Italien et vit dans la région de Milan), a fait le déplacement exprès, en ayant été nommée il y a peu de temps responsable de la cybersécurité chez BT. Il faut dire que son parcours y prête : elle a travaillé chez les grands acteurs (HP, CA), est diplômée en informatique de l’Université Bar Ilan, avec un MBA du Technion, l’institut le plus connu en Israël dans le domaine des technologies sur les nouvelles technologies et l’innovation, en ayant fait son service militaire obligatoire de deux ans dans un service informatique. On n’en saura pas plus.
BT est-il « Brexit compliant » ?
Si Hila Meller marque une naturelle réserve compte tenu de son parcours et de son arrivée pour l’inauguration, elle ne masque pas non plus l’importance de l’enjeu pour BT. Première question, forcément : comment BT peut s’inscrire dans une stratégie cyber européenne avec le Brexit en arrière-plan ?
La réponse, ce qui ne surprend pas vu le profil de la dame, est franche : « évidemment, nous savons que c’est un souci pour les grands clients européens, et c’est un de nos plus grands enjeux pour notre présence sur le territoire européen. Nous sommes « Brexit compliant », parce que nous avons envisagé la plupart des scenarii possibles, que nous les avons préparés, et que, surtout, nous sommes conformes à la législation et aux exigences européennes en terme de cybersécurité, c’est-à-dire que nous respectons totalement les exigences du RGPD, de la directive NIS, et que nous sommes en cours de qualification PDIS », explique Hila Meller.
Bien évidemment, la protection des données personnelles et le marché au niveau européen créé par le RGDP intéresse fortement l’opérateur britannique. « Nous comptons 3000 salariés dans le monde, et 200 en France, y compris sur nos implantations de Lyon et d’Aix-en-Provence. Notre objectif est de travailler avec les grands comptes français présents sur tout le territoire en en Europe ». Hila Meller reprend : « notre métier, ce sont les infrastructures, et notamment critiques. Or, ces infrastructures sont constamment attaquées. Il était logique de décliner notre activité vers une offre cybersécurité ».
« La France est le pays phare de la cybersécurité en Europe »
Lorsqu’on lui demande ce qui peut attirer, en pleine crise Brexit, après les élections européennes et un mouvement incontrôlé de révoltes qui a ébranlé le pays sur plus de 4 mois, Hila Meller répond sans détour : « On nous a demandé pourquoi nous n’installions par notre SOC dans des pays émergents, comme l’Inde ou certains pays d’Asie. Pour nous, la France est le pays phare de la cybersécurité en Europe ». Au moins, c’est dit.
Dan Nizard, Directeur Security France BT, reprend : « la France est le pays qui a la réflexion la plus aboutie, avec la LPM, les OIV, autour de la cybersécurité en Europe. C’est totalement indispensable d’être présent dans ce secteur ».

Une pénurie des talents confirmée
De manière plus concrète, le SOC de BT, qui reste pour l’instant relativement petit, sera bien évidemment en 24/7, offrira un support en français (ce qui est le minimum…) et complètera l’offre de BT en Europe : deux autres SOC existent déjà à Madrid et Francfort. BT compte 15 SOC dans le monde. L’équipe, en cours de recrutement, sous la houlette vigilante de Abdoulaye Fadiga, Directeur Cyber SOC France BT, qui a tout un parcours au sein du MINDEF, comptera à terme 40 analystes, de niveau 1 et 2, voire 3. Hila Meller confirme sans ambiguïté la pénurie des profils. « La pénurie de talents est un réel problème, et pour tout le monde », explique-t-elle. « « Les analystes que nous embauchons sont jeunes, plutôt aussi d’une formation scientifique, que nous pouvons faire évoluer. Notre force, c’est d’être une entreprise mondiale qui peut offrir une large palette de métiers. Et nous proposons tout un parcours de deux ans de formation interne à nos analystes. »
Tout à fait consciente de la nécessité de féminiser les équipes, Hila Meller conclut en souriant « évidement que c’est important, mais il ne faut pas en faire un discours dogmatique ». En écho à sa conclusion, Nour, jeune analyste récemment arrivée, sourit à son pupitre.